Le paquet des depliants est arrive a la gare intermodale de Quebec (dans
le Vieux-Port) vers 13H00. J'ai eu a peine le temps d'aller le recuperer
pour pouvoir rejoindre la marche dont le depart etait prevu a 14H00 a l'entree
du Musee
de Quebec (sur la Grande Allee et les plaines d'Abraham). Il y avait
environ 200 a 250 manifestants, peut etre meme 300, de toutes les couleurs
(plusieurs nationalites: francaise, japonaise, costa Ricaine, Mexicaine,
Canadienne,...). Il n'y avait tres peu d'universitaires algeriens (nos
futurs docteurs et maitres es Sciences a l'universite Laval). Il y avait,
en revanche, beaucoup de familles d'origine algeriennes (une dizaine environ
avec leurs enfants) qui sont venus a Quebec depuis les trois dernieres
annees. En fait, c'etait une marche presque familiale qui a permis a chacun
de connaitre l'autre, de lui prendre la main et de faire
des pas cote a cote en signe de solidarite avec le peuple d'Algerie.
En tete de cette manifestation silencieuse, trois quebecoises
portaient une bandrole sur laquelle etait inscrit en francais et en arabe
la phrase suivante: "Chaque etre humain doit pouvoir jouir de ses droits
et de sa liberte". Une seconde bandrole au milieu exigeait du gouvernement
canadien de soutenir la constitution d'une commission d'enquete impartiale
susceptible de faire la lumiere sur les crimes commis contre la population
civile en Algerie. Une troisieme bandrole en fin de foule demandait aux
hommes d'affaires canadiens d'exiger de leurs partenaires algeriens
davantage de respect des Droits de l'Homme. A la premiere rangee
ou je me trouvais a cote des representants de tous les organismes ayant
soutenu cette marche, il y avait des petites bandroles, collees au cou
de jeunes manifestants et portant le nom de ces organismes. Le nom "Algeria
Watch
International" y figurait parmi les autres.
Nous avons marche jusqu'a la terasse Dufferin (sur une distance de presque
10 km) dans la ville intra-muros ou il y eu des depots de roses a la memoire
des victimes de cette guerre contre les civils. Une jeune etudiante a pris
ensuite la parole pour lire un texte denoncant la violence des GIA et de
l'Etat, les massacres contre la population, les assasinats des femmes,
des intellectuels, des enfants, le viol, la torture dans les commissariats
de police, les exactions sommaires, les executions
extra-judiciaires des presumes terroristes,... Il y avait beaucoup
d'emotion dans l'air. Des femmes algeriennes, soutenues par leurs concitoyennes
canadiennes pleuraient a la lecture du texte qui rappelait au gouvernement
canadien, entre autre, ses engagements dans la defense des droits de la
personne. Il lui lancait le defi de soutenir, le lendemain a Geneve, lors
de la seance de la Commssion des Droits de l'Homme de l'ONU, l'idee d'une
commission impartiale d'enquete sur les auteurs de ces crimes
et leurs commanditaires. Le texte rappelait egalement au gouvernement
algerien ses engagements internationaux dans le domaine des droits de l'homme
et l'appelait a cesser son opposition farouche et injustifiee a une telle
enquete: "il n'y plus de souvernete quand un Etat a failli a son devoir
le plus fondamental, celui de proteger ses citoyens", disait-il. "
il ne peut pretendre constituer un Etat de droit sans qu'il y ait une
justice independante capable de juger les criminels", ajoutait-il.
"Designer les assassins par le terme vague de "terroriste" ne suffit pas.
Il faut cesser de les executer sommairement et les juger devant des tribunaux",
on entendait la jeune fille crier.
Apres la lecture de cette lettre ouverte et la collecte de la petition en faveur d'une enquete, tous les manifestants ont chante une chanson de Claude Leveille, intitule " Quant il n'y a que l'amour... sur la terre, il n'y aura plus de misere... ". La foule s'est enfin dispersee vers 18H00.
Les organisateurs etaient tres contents d'avoir recu entre autre, le
soutien de AWI. Il m'ont meme aide a distribuer nos depliants
d'information. Un seul probleme cependant, il aurait fallu traduire
le depliant en langue francaise. Je n'ai pas eu le temps de le faire. J'avais
a peine 15 minutes entre la reception du paquet et le depart pour la marche.
Je termine ce compte rendu par une note d'espoir. Pour la premiere fois,
quelques familles algeriennes installees dans la region de Quebec se sont
reunies, apres la marche, dans un cafe du Vieux-Quebec pour discuter. C'est
la premiere fois qu'elle ont avoue leur besoin de creation d'une association
socio-culturelle leur permettant de se rencontrer regulierement, partager
leur joie et leur peine,... Il s'agit la d'un fait nouveau a Quebec ou
depuis depuis dix ans que nous essayons de nous organiser. J'ai ete charge
avec un autre de mijoter quelque chose en ce sens. Ces familles se sont
quittees vers 20H00 en jurant de renouveler
cette rencontre le plus rapidement possible.