FRONT DES FORCES SOCIALISTES - FFS 56, avenue Soudani Boudjemma Tél. : (02) 59.33.13 – 59.3314 – 59.48.86 Fax. : (213-2) 59.11.45 Alger, le lundi 19 Janvier 1998. MEMORANDUM A l'intention de la Troïka européenne Depuis l'interruption du processus démocratique en janvier 1992, le FFS n'a cessé de préconiser une réconciliation nationale fondée sur une solution politique globale, pacifique et démocratique, à la crise algérienne au moyen du dialogue. Malheureusement, les autorités de fait ont préféré une approche purement sécuritaire fondée sur «l'éradication» du terrorisme. Cette option à courte vue n'a fait que plonger encore plus le pays dans un cercle infernal de violence et de répression. Aux exactions de plus en plus barbares des groupes armés ont répondu les violations systématiques des Droits de l'Homme de la part des autorités. Fin 1994, les autorités décrètent l'échec du dialogue et annoncent le retour au processus électoral. L'élection présidentielle, en novembre 1995, a vu une relative participation de la population en raison de l'engagement du Président Zéroual à ramener la paix. Cet espoir a vite été déçu. Non seulement les autorités ont persisté dans l'option du tout sécuritaire mais elles ont délibérément choisi les risques d'une guerre civile à grande échelle en décidant de créer des milices, par la distribution d'armes de guerre à la population. Parallèlement, une normalisation autoritaire est menée au pas de charge avec la promulgation d'une nouvelle constitution qui remet totalement en cause les maigres acquis démocratiques arrachés à la suite des événements d'octobre 1988. Des lois scélérates sont venues compléter cet arsenal répressif, notamment la loi sur les partis politiques. Les élections législatives et locales, présentées pompeusement à l'étranger comme étant le parachèvement de l'édifice institutionnel et un moyen de sortie de crise, ont été marquées par une fraude massive et éhontée qui a été unanimement dénoncée par la population lors des manifestations d'octobre 97, en dépit des interdictions. Ce processus électoral engagé sous état d'urgence et dans un climat de terreur, n'a nullement permis une quelconque sortie de crise mais il a contribué à porter la violence à un degré jamais atteint auparavant. Des centaines d'Algériens et d'Algériennes sont quotidiennement victimes de manière horrible de massacres dans des tueries collectives, faux barrages et attentats à la bombe. Depuis l'été dernier, les carnages succèdent aux carnages et les autorités semblent totalement impuissantes à endiguer cette vague de terreur. Qui plus est, les forces de sécurité, pourtant omniprésentes à proximité des localités où se sont déroulées les tueries, ont tardé, voire refuser de porter secours aux victimes. Il y a manifestement non-assistance à population en danger. Faut-il en conclure que l'État n'a pas les moyens de garantir la sécurité des citoyens ou s'il refuse pour des raisons obscures d'assumer sa responsabilité ? Pour le FFS, la sécurité des personnes et des biens est une obligation de l'état et elle est de son ressort exclusif. Depuis longtemps le FFS n'a cessé d'alerter l'opinion nationale et internationale ainsi que les partenaires de l'Algérie sur la gravité de la situation et les dangers qui menacent l'intégrité physique du peuple algérien. En l'absence de recours interne, nous n'avons cessé d'exhorter la communauté internationale à prendre des initiatives de bons offices et de médiation en faveur de la paix et d'une solution politique et démocratique. En fait, derrière la recherche par les autorités d'un «consensus national contre le terrorisme » et «l'internationalisation de la lutte contre le terrorisme », deux axes auxquels le FFS adhère, se cache un objectif non avoué : occulter, disculper et préserver les violences et les terreurs de l'État. L'objectif du maintient du système avec ses pratiques est à peine dissimulé. En invoquant le principe de la non-ingérence et en exerçant le chantage économique, voire sécuritaire, vis-à-vis des partenaires de l'Algérie, les autorités veulent dissuader tout geste de solidarité internationale et bloquer toutes les initiatives des institutions internationales, des organisations des Droits de l'Homme et des ONG dévouées à la cause humanitaire. Le FFS a accueilli avec satisfaction la décision de l'Union européenne d'envoyer la Troïka à Alger. Malheureusement, L'Union européenne a cédé aux pressions des autorités algériennes acceptant que la Troïka n'ait qu'une mission limitée. Le FFS dénonce ce nouveau diktat des autorités algériennes et espère que l'Union européenne parviendra à réviser sa politique à l'égard des autorités algériennes pour ne prendre en considération que l'intérêt supérieur du peuple algérien. Dans ce cadre, Le FFS demande à l'Union européenne : D'appuyer les initiatives des ONG en faveur d'une commission d'enquête internationale pour faire la lumière sur les massacres et dégager les responsabilités ; D'agir auprès des opinions publiques et des médias occidentaux pour briser le huis-clos imposé par les autorités ; De prendre des initiatives fortes de bons offices et de médiation en faveur de la paix et d'une solution politique associant toutes les forces qui rejettent la violence et le terrorisme. Pour le Secrétariat national Le Premier secrétaire Ahmed DJEDDAI *DOCUMENT REMIS PAR LA DELEGATION DU FFS RECUE PAR LA TROIKA EUROPENNE, LE MARDI 20 JANVIER 1998, A L'AMBASSADE DE GRANDE BRETAGNE A ALGER.