Le 8 Mai 1945- Part1 of 2.

Article ecrit par Youssef Zertouti du magazine "Historia".
Premiere Partie

Mai 1945 Setif le dossier du SANG.

On ne peut tenter d'expliquer le declenchement de la guerre d'algerie sans
parler des (evenements) de Setif 1945."C'est la que se cimenta mon
nationalisme", dira plus tard
Kateb Yassine, l'un des plus important romanciers algeriens. C'est la aussi
que les musulmans, qui venaient de combattre en heros lors des campagnes
d'Italie, de France et d'Allemagne, passerent d'un jour a l'autre des rangs
francais a la rebellion. On peut dire que c'est le 8 mai 1945 qu'apparut le
germe de la revolution qui allait eclaterneuf ans plus tard. Il y a grand
peril pour l'objectiviote a raconter cet episode essentiel de l'histoire
tragique de l'Algerie Francaise.

Chacun selon son opinion en possede une version differente. Nous livrons au
jugement du lecteur deux recits ecrit a partir de documents francais et
algeriens par deux hommes honnetes qui croient chacun connaitre parfaitement
le deroulement du drame.Ils eclairent d'un jour particulier des evenements
d'une portee immence.
On ne peut comprendre ce qui s'est passe en Algerie, au printemps de 1945,
qu'en se referant au contexte mondial de l'epoque, car la liaison entre les
evenements qui se deroulent sur le territoire algerien et les evenements
internationaux est alors particulierement etroite.

En avril 1954, les armees hitleriennes s'effondrent. Les Allies se
reunissent a San Francisco pour fonder des Nations unies. Un grand vent
d'unite qui souffle aussi le Maghreb, souleve le monde arabe depuis la
naissance, le mois precedent, a Heliopolis, dans la banlieue du Caire, de la
"Ligue arabe". La Syrie et le Liban, ou la rivalite franco-anglaise prend un
tour particulierement aigu, figurent, avec Ceylan, La Birmanie, l'Indonesie,
parmi les pays qui vont acceder a l'independance. En Algerie, une large
fraction de l'opinion publique musulman pense que les promesses
d'emancipation des peuples contenues dans la Charte des Nations unies vont
etre rapidement tenues.

Sur le plan politique, ces sentiments sont exprimes par un mouvement de
masse de 500.000 adherents, les Amis du Manifeste et de la liberte
(A.M.L.), constitue, le 14 mars 1944, a Setif par Ferhat Abbas: par Messali
Hadj, qui vit, depuis le 14 avril 1941, sous le regime de la liberte
surveillee a Reibell ( Chellala), et par les ulemas, les docteurs de la loi
islamique. Un congre tenu au debut de 1945 a realise la fusion theorique de
la clientele de Ferhat Abbas surtout la petite bourgeoisie urbaine et rurale
et de celle du P.P.A., le pari populaire algerien interdit et clandestin de
Messali Hadj, qui recrute principalement dans le proletariat des villes et
dans la jeunesse.
En fait le P.P.A., qui s'efforce de noyauter les A.M.L., maintient
integralement en leur sein, sa propre organisation structurale hierarchises,
de la cellule au comite directeur en passant par la kasma, la daira et la
delegation departementale.

Les partisans de Ferhat Abbas et ceux de Messali Hadj sont d'accord sur un
objectif fondamental : la revendication essentiele du "Manifeste" de 1943
qui reclame" un Etat algerien dote d'une constitution propre elaboree par
une Assemble algerienne constituante elue au surffrage universel par tous
les habitants de l'algerie. Doit etre reliee aux principes de la charte des
nations unies qui s'elabore a San Fransico, et notament a l'article 73, qui
engage a "tenir compte des aspirations des populations et a les aider dans
le developpemnt progressif de leurs libres institutions politiques"

Il s'agit, en somme, pour les A.M.L., d'internationaliser le probleme
algerien et de faire connaitre a l'opinion et aux gouvernements allies,
notament britanique et americains la cause de nationalisme algerien.

De quelle maniere ? une directive aux militants l'explique : il faut
profiterde tout les rassemblements populaires pour lancer les slogans de
l'independance et de la "Constituante algerienne" et pour brandir devant les
foules l'embleme national, le drapeau vert et banc de l'emir Abd el-Kader.

Sur ce point, l'unanimite regne a la direction des A.M.L., mais , au comite
directeur du P.P.A., les activistes, dont Lamine Debaghine, qui vient
d'ouvrir son cabinet medical a Saint Arnaud, pres de Setif, jugent que la
"directive du drapeau" est insuffisante. Ils estiment quand a eux, que
seules des actions violentes pourront etre assez spectaculaires pour faire
connaitre les revendications majeures du nationalisme algerien, et ils
suggerent de faire appliquer, en temps oppotun, la " Directive d'action
directe" :operations insurrectionnelles multiples et simultanees a la
campagne avec attaque des maisons forestieres, des gendarmeries, des
commissariats de police et des mairies dans les petites locations ou les
europeens sont peu nombreux.

Jugee aventuriste par des leaders influents tels que Hadj Cherchali et Omar
Oussedik, la "directive d'action direct" n'est aps adoptee, mais elle est
l'objet de discussion entre les responsables du P.P.A., qui se trouvent
notament a constantine, le 14 avril en presence de 500 delegues des A.M.L.,
a l'occasion de la commemoration du cinquieme anniversaire de la mort du
cheikh Abdulhamid Ben Badis. Lorsque, sur ordre du gouvernement general.
Messali Hadj est transfere par avion le 21 avril de Reibell ( Chellala ) a
El-Golea, puis a Brazaville. Lamine Debaghine , qui beneficie de l'abscence
du prestigieux leader du P.P.A., augmente son autorite, mais ne reussit pas
a imposer sa "directive d'action directe "

Quelques militants du P.P.A. stockent cependant en differents points de
l'Algerie, des carabines iltaliennes acheminees de Lybie par le sud et des
armes ramasses sur les champs de bataille de Tunisie et de l'Est
constantinois ou volees dans les parcs mal gardes des armees alliees. Comme
les indicateurs de police infiltres dans les rangs du P.P.A,, sont assez
nombreux, des renseignements concernant ces activites parviennent vite a
Alger, aux services specialises dans les affaires musulmanes, notament a
ceux du colonel Courtes, et ils sont communiques a differentes directions du
gouvernement general. Les colons ultras qui cherchent a remettre en cause
l'ordonnance du 7 mars 1944 accordant des droits politiques a de nouvelles
categories de musulmans algeriens et les partisans de la maniere forte, qui
ne manquent pas au sein de la haute administration d'Alger, entendent bien
explioter la situation pour realiser leurs propres objectif : inciter les
"Extremistes des A.M.L. a passer a l'action, ici ou la, de maniere a les
demasquer, les repromer, et a creer, en Algerie, un climat qui obligera, a
paris, le ministere de l'interieure a interdire ce mouvement seditieux".

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